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la même occupation, et, quand il a suffisamment goûté ce plaisir inconnu des anciens, secoue dans sa petite main la cendre qui sort du fourneau rouge de sa pipe, puis en fourre le tuyau dans la tige de sa botte avec un air de satisfaction qui n’échapperait pas au plus distrait voyageur. J’ai vu beaucoup de Bohémiennes qui fumaient à ravir. Un peintre hongrois a dessiné plusieurs Bohémiens, entre lesquels figure un marmot de cinq ans, assis nu près du feu et fumant sa pipe. Les nations diverses qui habitent la Hongrie et la Transylvanie, se jalousant et se détestant le mieux du monde, s’accordent pourtant en ce point qu’elles proclament hautement l’excellence du tabac. Il n’a pas fallu moins que cette union extraordinaire pour rendre nulles les tentatives des diètes, lesquelles essayèrent en vain de proscrire cette plante intéressante.

Le tabac, qui est si commun aujourd’hui, ne fut pas cultivé en Transylvanie avant le 17e siècle. Jusque alors, malgré les défenses qui avaient été faites, on s’était contenté de faire venir par les marchands des paquets de feuilles séchées. Celui qui était surpris apportant du tabac perdait tout ce qu’il avait avec lui. Quand on commença à en cultiver, les mesures de prohibition devinrent plus rigoureuses. La diète tenue en 1670 à Fejérvár condamna les fumeurs à des amendes considérables, parce que leur imprudence avait causé des incendies : les magnats et les autres gentilshommes devaient payer