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en faisait donation n’obéissaient ni au vayvode ni aux autres officiers royaux. Ils gouvernaient leur baronnie avec une autorité pleine et entière. Ils rendaient la justice, décidaient toutes les causes, et on ne pouvait appeler de leurs jugements qu’auprès du prince. Eux-mêmes n’étaient tenus de se justifier que dans le cas de haute trahison. Leur terre était respectée des officiers qui parcouraient la Transylvanie dans le but de prendre les malfaiteurs. Cette opération de police (tzirkálás) avait lieu tous les trois ans, et hormis les habitants des villes privilégiées, ceux qui tentaient de s’y soustraire payaient une forte amende. Les libres barons faisaient rechercher et punir les malfaiteurs sur leurs terres par leurs propres officiers. C’était là un grand privilège, et qui les exemptait de toute inquisition. Ils avaient un drapeau, où étaient représentées leurs armes, et sous lequel accouraient les gens de la baronnie, en nombre déterminé, quand le service du roi l’exigeait. Ils se mettaient à leur tête, et suivaient partout le roi, ou le magnat qui tenait sa place. De là le nom qu’on leur donnait en hongrois, Zászlós urak, « seigneurs à bannières».

Les libres barons ont disparu. Déjà en 1561 les États avaient essayé d’abolir leurs privilèges, et de faire partager à leurs paysans les charges qui pesaient sur le reste des Transylvains ; mais l’influence des seigneurs intéressés avait rendu ces efforts inutiles. D’autres tentatives furent faites sans relâche jusqu’à ce qu’enfin les