Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tant de luttes acharnées ; et quand autour de ses débris l’imagination évoque des nuées de Turcs et de Tatars, on est étonné que les montagnes soient muettes, et que le fleuve coule avec son éternelle tranquillité.

Un petit ruisseau qui porte du fer, et dont les eaux foncées ne se mêlent que tardivement à celles l’Aluta, indique la limite des deux pays. Le nouveau lazaret est à l’entrée de la frontière, laquelle est gardée par quelques soldats du régiment valaque. Le factionnaire, en sandales et sa gaba sur le dos, ouvre et ferme une barrière de bois armée d’un loquet : il n’a de militaire que son fusil peint en noir, qu’il porte machinalement sur l’épaule, et sa cartouchière, dont le ceinturon lui serre la taille. La barrière passée, on se trouve en Valachie. Le fantassin auquel était confiée la garde de ce pays, au moment où j'y mis le pied, avait déposé son fusil à la porte du corps de garde, et dormait paisiblement sur un lit de camp, se fiant sans honte à la bonne foi des cabinets européens. Les soldats de la principauté avaient élevé une espèce d’arc de triomphe, surmonté de fleurs et de branches d’arbres. Ils s’attendaient à la visite de l’Hospodar, qui, disaient-ils, inspectait les routes et devait visiter la Tour rouge. Quelques jours plus tard, en effet, le prince Ghika se présentait vers Cronstadt, à la frontière, mais en fugitif et demandait un asyle à la Transylvanie.

Nous nous avançâmes au delà du corps de garde va-