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et vont se briser sur la glace du fleuve. Les torrents qui bondissent du haut des montagnes et traversent le chemin se gèlent alors et présentent des monceaux de glace qui arrêtent les chevaux. Cependant cette route n’en est pas moins un beau travail, et qui fait souvenir de la rivière de Gênes. C’est l’empereur Charles VI qui la fit percer en 1727, comme l’indiquent quelques mots latins gravés sur le roc à la manière des inscriptions romaines. Elle était encore praticable quand je la parcourus : on rencontrait des voitures chargées de fer de Hunyad et des cavaliers qui allaient et venaient d’un pays à l’autre. De la Valachie venait un vent très chaud, qui tempérait le froid déjà rigoureux de la saison : quand il souffle au mois de janvier, il fait fondre les neiges. Par moments nous entendions les coups de feu des montagnards qui chassaient l’ours.

L’entrée du défilé, en venant d’Hermannstadt, est gardé par un bastion construit par Marie-Thérèse sur l’emplacement d’un vieux château. Il commande la route, mais n’arrêterait pas long-temps un ennemi redoutable. Dans un moment où l’état de la Valachie donnait à l’Autriche quelque inquiétude, il y a une vingtaine d’années, on le mit en état de défense, et l’on se préparait déjà à abattre les saules qui bordent l’Aluta pour laisser le champ libre à l’artillerie. Le bastion est peint en rouge foncé, ce qui est fort laid, sans doute en honneur du nom que porte le défilé. Près de là se