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présages étaient funestes. Tandis qu’il s’avançait à la tête de son cortège, dans le moment de l’inauguration, au bruit des canons, des tambours et des trompettes, et en présence de l’armée rangée en bataille, son cheval, dont on admirait la force et la beauté, mourut subitement. Les soldats furent consternés. Pour Tököli il ne s’en inquiéta pas. Il fit frapper dans sa tente des pièces d’argent où il était représenté, d’un côté, avec cet exergue en latin : « Emeric Tököli, chef des protestants » ; de l’autre on voyait la figure d’un cheval sauvage et ces trois mots : Virtus nescia freni. Dès qu’on apprit l’arrivée de Tököli et des Turcs, les conseillers du gouvernement et les magnats ou députés qui tenaient pour l’empereur se retirèrent de Radnoth à Clausenbourg. Quelques Hongrois attachés à l’Autriche se rendirent à Vienne et demandèrent du secours. Louis de Bade vint s’opposer aux progrès des Turcs ; et, quelque énergie qu’il pût déployer, Tököli fut forcé d’abandonner la Transylvanie. Alors les Impériaux procédèrent à l’élection du jeune prince Michel II Apaffi : ce n’était là qu’une pierre d’attente.

Le défilé qui joint Hermannstadt et la Valachie porte le nom de la Tour Rouge. Il est ainsi appelé à cause d’un fort qui en défendait l’entrée, lequel était sans doute peint à la manière des châteaux hongrois ; ou peut-être que ce nom rappelle les nombreux combats