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habitants d’Heltau, nommé Pierre Mathias, qui expliqua devant moi, quoiqu’un peu à contre-cœur peut-être, la fabrication très simple du drap. Cet homme avait un air de dignité que les paysans hongrois savent prendre fort bien, mais que ceux de race allemande n’ont pas d’ordinaire. Il était grand, avait un front haut et des yeux bienveillants qui donnaient quelque chose d’ouvert à sa physionomie. Tout chez lui respirait une aisance honorablement acquise. Il ne paraissait manquer de rien ; et si on n’apercevait pas d’objet de luxe, du moins voyait-on qu’il avait su s’entourer de ce qui pouvait lui rendre la vie agréable. J’avais remarqué chez les autres riches villageois hongrois et valaques qu’ils recherchaient les belles armes et qu’ils en tapissaient leurs chambres. Le Saxon est pacifique par nature : il n’y avait là ni sabres ni fusils. En revanche deux tableaux étaient suspendus aux murs. C’était le portrait de Mathias en veste de peau, puis celui de sa femme, également vêtue en paysanne. Je ne sais quel peintre allemand passant par Heltau les avait fait poser. Les portraits de fermiers endimanchés, en habits bleus à boutons jaunes, qui vous poursuivent partout, me revinrent en mémoire, et je sus gré à ces deux braves gens de s’être fait peindre dans leur antique et vénérable costume.

On trouve encore aux environs d’Hermannstadt d’autres traces d’industrie. Dans un second bourg nommé Orlath il existe une fabrique de papiers, qui serait