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origines et la diversité des situations, de signaler les analogies de caractère qui rapprochent les deux peuples. Il suffit de dire que cette ressemblance est consacrée par les Hongrois, qui s’appelaient eux-mêmes, au temps de Louis XIV, les Français de l’Orient. Si on ouvre les deux histoires, on retrouve souvent les mêmes faits et les mêmes hommes. Les batailles françaises et hongroises se gagnent et se perdent de la même manière. C’est toujours la furia francese. Ici la gendarmerie, là les hussards : Ravenne et Szent Imre, Pavie et Mohács. Saint Étienne et Mathias Corvin ne sont autres que saint Louis et Henri IV : les uns cherchant, sous l’inspiration de la religion, des institutions qui devancent leur époque ; les autres résumant aux yeux du peuple, qui a gardé leur mémoire, le génie et la bonté alliés à la joyeuse bravoure nationale. Hunyade, les Zrinyi, les héros hongrois, ce sont nos aïeux des croisades et les défenseurs de Rhodes ; même dévoûment à la même cause, mêmes luttes, souvent même mort. L’histoire des Français est contenue dans cette phrase de Napoléon : « La France a acheté le progrès et la paix du monde par ses trésors, par ses angoisses, par la vie de ses fils épars sur tous les champs de bataille. La France a été le Christ des nations ». L’histoire des Hongrois finit brusquement à Mohács, comme celle d’un héros tué à vingt ans ; mais l’héroïsme s’y lit à chaque page. C’est un de ces peuples généreux qui vivent pour les grandes causes.