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cesse se remariât plusieurs fois, et qu’au moment de ses veuvages notre amoureux fût toujours éloigné d’elle, en sorte qu’il arrivait régulièrement quand un nouveau mariage était consommé. La dame trouvait chaque fois de fort belles excuses, et, soit amour propre, soit indulgence, elles semblaient assez raisonnables à celui qui les écoutait. Malgré son peu de succès, le jeune Bethlen remplissait consciencieusement tous ses devoirs de chevalier et bravait pour elle toutes sortes de dangers, en amant bien épris. Ainsi, lorsqu’il apprend le meurtre du prince Bartsay, le voilà qui part hardiment pour porter à la veuve ses tendres consolations, sans songer que le pays est inondé de Tatars.

« Je n’étais pas encore informé de la marche de ces barbares, dit-il, lorsque dans ma retraite j’appris le cruel assassinat de l’infortuné Bartsay ; ce qui me détermina sur-le-champ à voler au secours de la princesse, sans en rien communiquer à mon père. Je partis précipitamment, accompagné seulement d’un gentilhomme de nos voisins, nommé Patko, et fort attaché à notre maison. Nous nous mîmes en chemin sans autre escorte, en quoi j’avoue qu’il y avait beaucoup d’imprudence, puisque du lieu d’où nous partions pour nous rendre auprès de cette princesse il y avait près de huit lieues de Transylvanie, qui en valent près de vingt de celles de France.

» Nous passâmes par une ville hongroise assez gran-