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mener dans les chambres où se tenait l’école des Français, et retrouver à quatre cents lieues de mon pays un reflet de l’ancienne France. Mais, habitué aux désenchantements, je me contentai de faire à distance le tour de Szent-Miklós. Bien m’en prit. On me dit au retour qu’un propriétaire ingénieux y mettait son foin. Je n’eus d’autre consolation que de voir plus loin quelques sièges en cuir de Hongrie, qui faisaient autrefois partie de l’ameublement, et qui sans doute avaient été fabriqués d’après des modèles de Versailles.

Cet aimable novateur, qui introduisit en Hongrie les mœurs françaises, mérite bien une mention de notre part. D’ailleurs, j’ai plus d’une fois cité ses Mémoires. Il est juste de parler de lui et de son livre.

Le comte Nicolas Bethlen naquit à cette époque où les Turcs et les Impériaux se disputaient avec le plus d’ardeur la possession de la Transylvanie. Ses premières années s’écoulèrent dans un château fortifié, où il reçut l’éducation qu’on donnait alors aux gentilshommes hongrois. Il apprit le latin, l’allemand et le turc, et se perfectionna dans le manîment des armes et l’exercice du cheval. Il fut nécessairement engagé dans les troubles qui désolèrent son pays, ce qui ne l’empêcha pas de se prendre d’une fort belle passion pour la princesse de Transylvanie. Il l’avait connue et aimée avant qu’elle montât sur le trône, et s’était flatté de l’espoir d’obtenir sa main. Le sort voulut que la prin-