Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Ils jouissaient néanmoins avec plaisir du fruit de mes travaux lorsqu’ils venaient passer quelques jours chez moi, où je ne leur épargnais ni la bonne chère ni l’abondance du vin, aux conditions cependant que j’avais établies, que tout le monde jouirait d’une parfaite liberté. J’avais à la vérité beaucoup de part à cette condition que j’avais imposée, beaucoup plus convenable à mon tempérament et à mon inclination, qui s’était bien fortifiée pendant mon séjour en France, où j’avais goûté la manière de tenir table, beaucoup plus gracieuse que celle de Transylvanie. Je procurais aussi à ma nouvelle épouse le plus souvent qu’il m’était possible la visite des dames les plus voisines, qu’elle régalait aussi familièrement et aussi souvent qu’elle en trouvait l’occasion. Cette façon de vivre fut aussi bien contrôlée que tout le reste dans les commencements, les nobles de Transylvanie tenant ordinairement leurs femmes très renfermées et ne les occupant qu’à l’économie de leurs maisons et de leurs biens, de façon que l’on disait communément dans le pays que mon château et ma manière de vivre étaient l’école des Français. Quelques uns néanmoins de nos principaux seigneurs s’y accoutumèrent insensiblement et firent de même ; ce qui formait entre nous une société plus intime, et que nous préférions à toutes les autres. »

Le château du comte Bethlen est resté tel qu’il l’a élevé, à l’extérieur du moins. J’aurais aimé me pro-