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sans doute qu’un bon vieux donjon garni de tours, qui servait d’habitation aux seigneurs. Un jour une part de la propriété tombe entre les mains d’un jeune homme, le comte Nicolas Bethlen, qui revenait de France. Celui-ci, en dépit des usages, construit une maison ouverte, avec de beaux jardins, au grand scandale de tous. Mais laissons-le raconter lui-même cette révolution.

«… Mon père ne m’eut pas plus tôt abandonné ma part dans cette terre, que je formai le dessein d’y bâtir un château de plaisance dans le goût des Français, et dont j’avais formé le dessein étant en France, sans savoir cependant où je le placerais. Je fis donc construire un grand corps de logis de pierre, avec un vestibule dans le milieu et deux appartements aux deux côtés, avec un grand jardin que je fis dessiner en face ; et, comme le terrain me le permettait, je fis creuser des fossés tout autour remplis de l’eau que je tirai du ruisseau qui séparait le terrain de mon oncle d’avec le mien ; enfin, la situation de ce château se trouva si heureuse, que, de quelque côté que l’on fût, on jouissait d’une vue assez agréable et fort diversifiée. J’avais aussi pratiqué une avant-cour pour mettre les offices et les écuries dans la même enceinte des fossés. Le tout fut bien contrôlé par nos Transylvains, à qui une pareille façon de bâtir était très inconnue, leur maxime au contraire étant plutôt de se tenir clos et couverts que de se pratiquer des vues agréables et satisfaisantes.