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avoir manifesté ainsi mes intentions, je m’enfonçai dans la voiture, ne doutant pas que je serais ponctuellement obéi. Mais le drôle qui m’avait écouté connaissait son métier de serviteur hongrois. Il pensa probablement que je perdais la raison et trouva plus sensé d’agir comme il l’entendrait. En conséquence il alla réveiller les domestiques du château, qui savaient aussi leur rôle, et fit ouvrir les portes, pendant que je sommeillais le plus innocemment du monde. Quand je me réveillai je trouvai une chambre prête et un souper servi. Le lendemain les maîtres du logis apprirent que pendant la nuit il était venu deux hôtes, dont un leur était parfaitement inconnu.

Bonyha, l’un des domaines des Bethlen, contient deux châteaux du 16e siècle. Celui où j’entrai de nuit, au pas, et presque de force, comme un prisonnier d’autrefois, a conservé ses tours et ses fossés intacts. En 1709 le prince Rakotzi y assiégeait encore un colonel autrichien.

Qui pourrait raconter les luttes qui se sont engagées dans ces défilés ? Les forteresses s’y élevaient pour ainsi dire d’elles-mêmes. Çà et là le sol est couvert de ruines : ailleurs on ne reconnaît plus aucune trace. C’est d’abord le château de Bolya, puis celui de Radnoth, puis Bodola, Also Rákos, et tant d’autres dont on retrouve les noms dans les chroniques. Les lieux en apparence les plus insignifiants ont également leur histoire.