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pensée se reportait en échange à une époque bien plus reculée, et dont il reste peu de vestiges, au temps des Daces. Il semble que sur cette terre historique les souvenirs doivent surgir à chaque pas. La mémoire du voyageur le transporte sans cesse d’une période à l’autre.

Le lecteur me permettra de faire une courte citation classique. Il ne s’agit pas moins que de Strabon. L’auteur est bien ancien, je l’avoue ; mais il est question des Daces… C’est à propos d’un petit village nommé Gogány, situé dans ces vallées où le lecteur a bien voulu s’engager avec moi. Je pourrais lui dire que pogány, en hongrois, signifie « payen », et que le château qui dominait autrefois ce village servit jadis de rempart aux derniers ennemis du christianisme ; mais j’ai hâte d’en finir avec mon auteur grec, et j’arrive de suite à Strabon.

Il nous apprend[1] que les rois daces avaient pour confidents des devins ou prophètes attachés à leurs personnes, et dont la présence rehaussait la majesté du chef. Revêtus d’un caractère religieux, ils exerçaient sur les esprits un empire auquel nul ne cherchait à se soustraire. L’autorité du roi et celle du pontife se fortifiaient l’une par l’autre. Un de ces prophètes, nommé Zamolxis, se rendit en Grèce, étudia la philosophie

  1. Liv. VII.