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de son éclat, mais dont on rencontre avec plaisir les dernières feuilles sur son chemin.

L’église est affectée au culte luthérien, car les habitants du village sont Saxons. J’appris avec plaisir du pasteur que le consistoire ne s’était jamais proposé de la faire repeindre, et il m’assura qu’il s’opposerait à toute tentative de ce genre. Il paraissait très fier de son église, et en faisait glorieusement remonter les peintures au commencement du 12e siècle, à cause de certains caractères qu’il montrait sur le mur, lesquels figuraient, selon lui, la date de 1101. Cette date me semblait très peu lisible, et d’ailleurs, eût-elle été clairement tracée, je me serais naturellement permis de n’y pas ajouter foi. En observant l’état des peintures et la forme des lettres placées à côté des sujets, car une explication accompagne chaque scène, on ne peut guère supposer qu’elles soient antérieures à la fin du 15e siècle.

Que cette église ait été d’abord la chapelle d’un monastère, c’est ce qui me paraissait évident d’après les peintures. Les moines ont tout à fait l’air de maîtres du logis. Nul seigneur n’aurait consenti à voir si piteusement représentés les laïques, et à assister au triomphe superbe des religieux. Quel artiste, persécuté peut-être par les hommes d’épée, s’était donc plu à exalter ainsi la vie monastique ? À voir la vivacité encore frappante des couleurs, l’attitude et l’ajustement des personnages, tous ces détails enfin qui constituent le caractère