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compagnie de plusieurs religieuses ; rien n’est plus édifiant. Mais, tout près d’eux, et pour que le contraste soit plus frappant, sont représentés de véritables diables fort laids et fort méchants, lesquels, cela s’entend, sont occupé à conduire en enfer une troupe de laïques, reconnaissables à leur longue chevelure. Ce n’est pas la seule page où les religieux triomphent Entre les figures de diverses grandeurs qui sont peintes sur tous les murs, il y a toujours de très petits moines qui s’introduisent et semblent prendre possession de ce lieu.

Je néglige les sculptures, quoique plusieurs détails soient remarquables. Tous les arceaux du chœur aboutissent à une clef de voûte qui supporte une belle tête de Christ. Les fenêtres, les niches, les colonnes, sont d’une belle sculpture et d’une bonne proportion. Il y a dans tout l’ensemble une unité qui manque aux édifices que j’ai vus en Transylvanie, car on les retouchait souvent. Cette petite église, oubliée, et pour ainsi dire, perdue dans une vallée solitaire, accuse partout l’élégance et la légèreté de l’art gothique. Construite à une époque ignorée, préservée par hasard des maçons et des badigeonneurs, inconnue à tous et à peine conservée, elle montre qu’autrefois les artistes ne manquaient pas au pays. Ce ne sont pas les peintures qu’il faut vanter ; mais, quand, après avoir examiné les détails, on embrasse l’ensemble d’un coup d’œil, on reconnaît qu’une main intelligente a créé tout cela. C est une fleur qui a perdu