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saient vigoureusement, tandis que nos cinq petits chevaux, qui venaient de reprendre haleine, tiraient de leur mieux. La voiture aurait infailliblement versé si, dans le même moment, quelques hommes ne s’étaient pendus, pour faire contre-poids, aux sièges et aux compas. Cette opération était à refaire toutes les cinq minutes. Il va sans dire qu’elle s’effectuait avec un concert de cris, poussés en plusieurs langues. Les Valaques, qui étaient fort nombreux, juraient d’abord dans leur propre idiome ; puis, voyant que les choses n’en allaient guère mieux, lançaient à la fin le classique teremtette hongrois, ce qui devait être bien plus efficace.

Ces braves gens déployaient, dans leurs bons offices, un zèle incroyable. Quelquefois, pour soutenir la voiture, ils appuyaient leur épaule contre les panneaux, en marchant sur le talus, de sorte que leur corps était presque horizontal. Effrayé du danger qu’ils couraient, je volais de l’un à l’autre et leur faisais vainement signe de se retirer. Ils prenaient l’accent que je mettais à mes exclamations pour du mécontentement et redoublaient d’efforts. J’en étais réduit à finir en italien les phrases que j’essayais de commencer en valaque ; je n’étais compris ni au commencement ni à la fin. Si le moment n’avait pas été aussi sérieux, j’aurais ri de mes discours en souvenir de ce Français que je rencontrai un jour dans les rues de Vienne, lequel, pour demander son chemin aux passants, donnait un accent allemand à sa