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17e siècle. Il était chancelier et conseiller intime du prince. Les charges qu’il avait remplies le mettaient à même de faire connaître l’histoire de son pays. À cette époque où les événements se succédaient si rapidement, il retraça pour ainsi dire jour par jour tous ceux dont il fut témoin. On dit même qu’il ne le fit pas sans danger. L’empereur, assure-t-on, et ceux des nobles transylvains qui avaient à craindre le jugement de la postérité, lui suscitèrent des obstacles, et ce fut pour terminer plus sûrement son œuvre qu’il imprima dans la chapelle sa précieuse chronique.

Ce souvenir littéraire donne un intérêt de plus au château de Keresd, lequel a vu d’ailleurs s’accomplir plus d’un drame douloureux. J’ai toujours contemplé avec un respect mélancolique les débris des forteresses hongroises, sentinelles perdues de la chrétienté, dont les défenseurs se faisaient tuer pour nous, qui ne nous en souvenons plus.

La situation de Keresd ne l’exposait pas aux premiers coups des Turcs ; il fallait que l’ennemi pût le trouver entre les montagnes boisées qui l’entourent. De là le nom qu’on lui donnait, Keresd, c’est-à-dire « Cherche-le ». À voir en effet les montagnes qui en défendent l’approche, on ne soupçonnerait pas qu’un château ait pu être élevé dans le voisinage. Rien ne devait égaler l’étonnement des Tatars lorsque, après avoir poursuivi de roche en roche les courageux paysans qui