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facilement, rappelle qu’il fut restauré par François Bethlen, et sa femme, Klara Károlyi. Ces deux dates composent la chronique particulière du château, dont l’histoire se confond avec celle du pays.

Rien de plus vénérable d’ailleurs que Keresd. Ce qui frappe tout d’abord, c’est une vieille tour percée de meurtrières, au toit luisant comme les écailles d’un dragon, et autour de laquelle sont sculptés dans la pierre de fiers Hongrois alternativement peints en vert et en rouge, le kalpag en tête, la lance au poing. Cette tour domine les murs, les bastions et le gros corps de bâtiment qui existent encore. Elle n’a souffert que du temps ; on n’y a rien ajouté depuis nombre d’années ; en sorte que vous retrouvez là, pour ainsi dire intactes, d’antiques salles aux arceaux gothiques, des portes sculptées ou peintes, et jusqu’à des meubles du temps. Le lit de noces d’un Bethlen porte la date de 1578. Bien qu’il soit fort simple, il fut, dit-on, apporté à grands frais de Hongrie. Malheureusement, tout cela menace ruine. La tour est lézardée, déjà même elle n’est plus entière ; le toit qui se voit aujourd’hui n’est que la base de l’ancienne toiture, qui s’élevait hardiment, et comme pour braver de loin l’ennemi.

Le reste du château est habité ; cependant on l’a respecté, même en le retouchant ; on n’a pas comblé les indispensables fossés qui longent des murs de dix pieds d’épaisseur. On peut voir les meurtrières, les