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je fus long-temps avant de découvrir d’où partait ce chant en mineur, d’une douce mélancolie, qui s’harmonisait si bien avec les ruines historiques que j’avais devant moi. C’est à ce chant peut-être que je dus l’impression de tristesse que je ressentis en disant adieu à la dernière demeure du dernier prince de Transylvanie.

On retrouve encore près d’Ebesfalva, à Almakerék, un autre souvenir des Apaffi. C’est un tombeau. Il contient les restes de Georges Apaffi, frère du prince, dont la statue est couchée sur la pierre. Le mort est représenté couvert de son armure, penché sur le flanc et appuyé sur le coude : position raide et contrainte. Ce qu’il faut regarder, ce sont les accessoires, les figurines et les feuillages qui encadrent la statue, et qui sont délicatement faits. Le tout est en pierre. Ce monument ne serait pas remarqué ailleurs ; mais il devient intéressant pour peu qu’on pense qu’il a été élevé en 1635, entre deux invasions turques, et qu’il est dû à un Hongrois d’Hermannstadt, Elias Nicolai. Je ne sais si dans le pays on ferait mieux de nos jours.

Je voulus voir à Almakerék une vieille église, dont les murs intérieurs sont couverts de peinture. J’arrivai malheureusement à l’heure du service. Les paysans saxons, dans leurs vestes de peau et leurs pantalons hongrois, formaient une haie serrée qu’il m’eût été difficile de traverser, d’autant plus que devant eux se tenaient les jeunes filles du village, qui, pour mieux figu-