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du sol hongrois. Les peuples vaincus, tenus long-temps en servage, n’ont été émancipés que par les Hongrois seuls, qui les appellent à eux et leur demandent aujourd’hui de former un peuple uni. Ils s’adressent également aux colons, c’est-à-dire à ceux qui ont été reçus dans le pays depuis la conquête. La résistance serait légitime si on exigeait d’eux l’abandon de leur langue, de leur nationalité. Elle est purement absurde. Aussi est-elle désapprouvée par les meilleurs esprits des différents partis, et n’est-elle prêchée que par les fanatiques. Les Saxons, on l’a vu, n’ont fait qu’une mauvaise chicane.

Il n’en est pas de même des Arméniens. À la dernière diète de Transylvanie, les députés de la ville arménienne de Szamos-Ujvar, qui paraissaient pour la première fois dans l’assemblée, protestèrent de leur attachement pour la patrie commune, et assurèrent que le seul sentiment de leurs compatriotes était de vivre en union avec les Hongrois : leurs discours furent couverts d’applaudissements. Les Arméniens, qui ont conservé leur idiome, savent tous parfaitement la langue magyare, et la parlent sans répugnance.

Les femmes de cette nation ont les traits fort caractérisés. J’en ai vu qui étaient très belles. Il m’est arrivé d’en entendre chanter une avec un accent que je n’ai pas oublié . C’était précisément à une fenêtre du palais mutilé d’Apaffi. On ne pouvait apercevoir que quelques tresses de cheveux noirs et une mousseline blanche, et