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tant de prudence. « Ils négligent de fortifier ce qu’ils appellent leurs villes et leurs maisons seigneuriales, écrivait en 1670 le comte Nicolas Bethlen, et ils sont trop heureux, aussi bien que les Valaques, qui sont leurs paysans, de profiter de ces asyles dans les temps orageux. » Il est vrai qu’ils payaient fort cher ces asyles. Un décret rendu par l’empereur Léopold en 1693 recommande la générosité aux Saxons et leur défend de taxer si haut le droit d’hospitalité.

Les enceintes fortifiées des églises saxonnes ont de nos jours une destination plus pacifique. Les paysans s’en servent comme de magasins. Le gros mur qui entoure l’église du village de Bolkáts est percé à l’intérieur de portes fermées à doubles cadenas. Dans ces trous, me dit le prêtre, les habitants gardent leurs grains, leur lard, leurs habits, quelquefois même leur argent.

En général, quand on parcourt le pays des Saxons, on est surpris de la quantité de vieux monuments qui s’y trouvent, eu égard au reste de la Transylvanie. Vous ne traverserez pas sans intérêt leurs villes, car de vieilles églises et de vieux murs vous disent qu’elles ont un passé.

Szászváros, la première ville saxonne que l’on rencontre en venant de Hátzeg, a été bâtie en 1199. L’église élevée par Jean Hunyade après sa victoire de Szent-Irme, est tombée en ruines ; on la restaure. Il y avait là un château-fort ancien qui montre encore quelques