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demanda-t-il vivement. Il y avait dans cette question de l’espérance et de la crainte. Le mot « étranger » avait mal sonné à l’oreille du bon père. Il s’était attendu à la visite de quelque Anglais hérétique ou de quelque païen de Français, et m’avait reçu avec une froide politesse. Dès qu’il eut reconnu les accents de la lingua di Dio, il parut si charmé, que j’aurais bien voulu répondre si à la demande qui m’était faite. Il la répéta : Sua Signoria è forse italiana ? Cette fois il y avait dans son accent quelque chose qui exprimait l’espoir déçu. J’en fus touché, et, faisant réflexion qu’étant à demi Romain, je ne commettais qu’un demi-mensonge, j’arborai avec résolution les couleurs pontificales. Ma certo, m’écriai-je. — O questo va a dovere !

Nous fûmes en un instant les meilleurs amis du monde. Il me raconta l’histoire de son couvent, qui existe depuis environ un siècle, et qui dépend du couvent de Saint-Lazare de Venise. Il me montra la chapelle qui est décorée dans le goût des églises italiennes. Mon moine avait passé vingt ans à Venise, et ne se trouvait que depuis peu de temps dans le pays. Il parlait avec amour de l’Italie, et n’était venu, disait-il , que parce qu’il en avait reçu l’ordre de ses supérieurs. Ce qu’il n’ajouta pas, mais ce que j’appris en le quittant, c’est qu’il avait été expressément choisi pour faire oublier la conduite de deux jeunes moines qui avaient mérité d’être rappelés.

J’ignore si les reproches des Saxons sont parfaite-