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avec dignité dans la cour, cherchant des yeux l’étranger importun, lequel examinait je ne sais quelle vieille cloche qu’il avait trouvée sous ses pas. Le moine m’adressa la parole en hongrois ; mais soit qu’il eût un peu oublié cette langue dans les pays lointains, soit qu’il y mît un accent nouveau, soit plutôt que la faute en fût à moi, je parvins difficilement à le comprendre, et le priai de se servir d’un autre idiome. Il reprit la parole dans un langage qui m’était parfaitement inconnu, et qui me parut devoir être sa langue maternelle.

J’avais fait tous mes efforts, pendant mon séjour en Transylvanie, pour prendre quelque teinte des différentes langues du pays ; mais j’avoue que mes connaissances ne s’étendaient pas jusqu’à l’arménien. Je répondis au moine que je le comprenais bien moins encore, et commençai à mon tour de prendre la parole. J’essayai du latin, qui m’a souvent servi dans mes voyages : le moine n’était pas tenu de le savoir, et ne le savait pas. Je hasardai quelques mots de mon meilleur allemand ; cela n’alla pas mieux. Nous avions déjà toussé plusieurs fois, et chacun de nous faisait des gestes aimables. Je voyais l’instant où j’allais être saisi d’un rire inextinguible : il me restait un seul espoir, celui de voir mon interlocuteur conserver sa belle humeur et faire chorus avec moi.

Je ne sais quel mot italien m’échappa en ce moment. Le moine l’entendit. « Sua Signoria è forse italiana ? »