Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venait de mettre au monde un fils, qui était son premier enfant. Les Turcs qui l’escortaient tirèrent un favorable augure de cet événement, et lui pronostiquèrent qu’il serait un prince très heureux. Cette prophétie fut même confirmée par l’événement. Ali-Pacha, l’ayant reçu avec beaucoup d’affabilité, le proclama prince de Transylvanie, et le fit reconnaître par les habitants de la ville où il était[1]… »

Kemény avait rejoint les Impériaux. Il rentra en Transylvanie, campa à Szamos-Ujvár, et envoya ses éclaireurs s’emparer de la citadelle de Fagaras. Les Turcs tentèrent de la reprendre ; mais à la première neige ils se retirèrent, suivant leur coutume, et établirent leurs quartiers d’hiver à Hermannstadt. Kemény profita de leur inaction et vola sous les murs de Schœsbourg, où le nouveau prince Apaffi s’était retranché. Il poussait vigoureusement le siège de la place, quand Koutchouk-Pacha, qu’Ali avait laissé pour protéger Apaffi, accourut avec deux mille cavaliers d’élite. Un combat devint inévitable. Il eut lieu près de Schœsbourg, à Nagy Szöllös, le 22 janvier 1662. Kemény avait sous ses ordres mille cavaliers allemands ; mais les Sicules composaient la plus grande partie de son armée. Ceux-ci avaient à venger sur les Turcs deux années de meurtres et d’incendies. Beaucoup d’entre eux se mon-

  1. Mémoires du comte Nicolas Bethlen.