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était ; proposa à un corroyeur de cette ville, homme d’une assez belle prestance, de le déclarer et de l’installer prince de Transylvanie ; mais cet homme lui représenta que, n’étant pas du corps de la noblesse, il ne pourrait jamais être reconnu par les grands. Ali, voyant bien qu'il avait raison, Donne-moi donc, lui dit-il, un de ces grands, que je le nomme prince. Ce corroyeur lui répondit qu’il ne connaissait point de seigneur plus capable de soutenir cette dignité que Michel Apaffi, homme de grande qualité, qui depuis peu de temps s’était racheté de la captivité des Tatars de Crimée par une somme très considérable, ayant été un de ceux qui avaient suivi le prince Rákótzi en Pologne, où il avait été prisonnier. Ali envoya sur-le-champ au château d’Ebesfalva, pour en faire venir ce seigneur et l’amener à Vásárhely, qui n’en est éloigné que de deux ou trois lieues.

« Ce seigneur, qui menait une vie très retirée dans son château, où il se tenait enfermé, ne s’étant mêlé en aucune façon des affaires publiques, fut bien surpris de se voir entouré d’un gros détachement de cavalerie turque, qui venait le prendre, et dont le commandant lui apportait des ordres de se rendre auprès d’Ali-Pacha ; d’autant plus que dans ce moment son épouse était dans les douleurs d’un accouchement prochain. Mais il n’était pas à cinq cents pas de son château, qu’un de ses gens vint lui apporta la nouvelle que sa maîtresse