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épisode de l’histoire de Transylvanie. Lorsque, après la mort de Georges Rákótzi, en 1660, les Turcs eurent pris Grand-Varadein sur ses partisans, la principauté sembla devoir appartenir à Bartsai, que soutenait le sultan. Bartsai n’était pas aimé des Hongrois, en haine des Turcs. Les Sicules s’indignaient de voir les janissaires servir de garde à un prince transylvain. Il était évident que, s’il s’offrait un seigneur, un soldat, qui voulût en appeler au courage des Hongrois et braver la colère du sultan, la guerre recommencerait avec fureur. Il s’en présenta un.

Jean Kemény avait accompagné Georges Rákótzi dans son expédition de Pologne. Il avait montré de la bravoure et des talents militaires. Fait prisonnier par les Tatars et conduit en Crimée, il s’était distingué par son énergie à supporter la mauvaise fortune. Pendant sa captivité, dont il a écrit lui-même la relation, il envoyait des émissaires au prince et l’avertissait des projets de ses ennemis. De retour en Transylvanie, il reprit du service et combattit contre les Turcs dans l’armée de Rákótzi, dont il fut toujours le fidèle lieutenant. Lorsque ce prince mourut, il conçut le projet de lui succéder. Il gagna sans peine la noblesse hongroise. Les Sicules s’offrirent d’eux-mêmes. Les Impériaux, effrayés de la prise de Grand-Varadein, lui promirent des secours. Il se fit donner par Bartsai un acte d’abdication en forme, et se présenta à la