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valses de Strauss. L’aubergiste, qui avait déjà ouvert la portière, marquait la mesure d’un air agréable, et m’engageait fort à descendre chez lui, me félicitant d’arriver au commencement du bal du dimanche. Je me serais peut-être laissé tenter, dans l’espoir de trouver quelques physionomies ; mais l’arrivée de plusieurs cavaliers me désenchanta. C’étaient de gros messieurs bien frais, en veste blanche à la pâtissière. Je dois cependant rendre justice aux pauvres jeunes filles qui s’étaient parées de leurs costumes pour venir avaler les bouffées de tabac que lançaient galamment les valseurs.

À Schœsbourg, je trouvai les deux auberges en révolution. L’une était pleine, et le maître se rendait au théâtre ; l’autre n’était pas moins remplie , et la maîtresse habillait ses filles pour un bal. Il me fallait absolument un gîte. J’acceptai l’offre qui me fut faite dans la dernière auberge, et on m’installa dans la chambre même de l’hôtesse. Ses filles, qui s’y équipaient un instant auparavant, s’enfuirent, et emportèrent dans leurs bras le reste de leur toilette. Maître du champ de bataille, je me hâtai de demander à souper. L’hôtesse se mettait en devoir de faire les demandes et les réponses de rigueur en pareil cas, quand elle fut appelée par les donzelles, qui avaient oublié, l’une son bracelet, l’autre ses gants, celle-ci son mouchoir, celle-là son flacon. La pauvre femme ouvrait toutes les commodes, courait d’une chambre à l’autre, et perdait la tête au milieu des