Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus conciliants qu’il m’était absolument impossible de leur rendre ce service. Malgré la bonne grâce que j’essayai de mettre dans ma pantomime, ils me parurent convaincus que j’avais peu de complaisance, et me quittèrent de mauvaise humeur.

J’eus une plus grave aventure avec une paysanne valaque. Elle avait pour coiffure, comme toutes ses compatriotes aux environs de Schœsbourg, un voile blanc d’étoffe fine qui lui couvrait la tête et encadrait le visage. Son voile était ajusté avec une grâce particulière, et elle en paraissait plus belle. Il me sembla raisonnable d’étudier sur elle de préférence ce nouveau genre de coiffure : aussi la regardai-je attentivement. En même temps je répétais le mot formoso pour lui faire savoir combien je trouvais cela beau. La spirituelle Valaque voulut que ce compliment s’adressât aux fromages qu’elle avait devant elle. Aussitôt elle m’en présenta un, et mit tant d’instance dans son offre, tant de chaleur dans ses paroles, que je traduisais mentalement ainsi :

Cette leçon vaut bien un fromage…,

que je me trouvai à la fin muni d’un fromage formidable. Je me souvins de La Fontaine, et fut plus que jamais convaincu que les fromages, au point de vue de l’expérience, étaient d’une importance incontestable.