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pierres tumulaires, dont l’une supportait la statue d’un bourgmestre saxon en costume hongrois, avec de longues moustaches et la grande barbe.

Les Saxons sont aujourd’hui les seuls habitants de la Transylvanie qui possèdent encore de vieilles murailles. Adonnés de bonne heure au commerce, ils eurent toujours des ressources qui manquaient à leurs voisins. Tout ce qu’ils ont construit a été bien fait. La moindre église de village est un édifice. Aussi devraient-ils mettre plus de circonspection dans ce qu’ils nomment leurs embellissements. S’ils gâtent leurs monuments, il ne restera presque rien dans le pays.

Je traversai précisément Schœsbourg un jour de marché. On y criait en hongrois, en valaque, en saxon, en allemand, en arménien, en bohémien, en grec : c’était le hongrois ou le valaque qui servait d’intermédiaire. Pour achever la confusion des langues, je répondis par des exclamations françaises au discours provocateur d’une respectable femme qui voulait à toute force me gratifier d’un gros bloc de sel gemme dont j’avais admiré les couleurs sous l’effet du soleil. Mes protestations arrivèrent aux oreilles de deux soldats polonais qui marchandaient d’énormes feuilles d’excellent tabac, et qui, entendant une langue étrangère au pays, se persuadèrent que je connaissais également le slave. Ils vinrent à moi pour me prier sans doute de remplir l’office d’interprète. Je leur expliquai avec les gestes les