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leurs foyers. Lorsqu’au siècle dernier le gouvernement autrichien organisa les régiments-frontières, une foule de Sicules quittèrent la Transylvanie et allèrent rejoindre leurs frères en Moldavie. La dernière émigration importante date de 1817 et a été occasionnée par une famine. Les paysans qui s’expatriaient ne s’arrêtaient pas toujours en Moldavie. Quelques uns poussaient plus avant. Parmi ceux que Mathias Corvin dirigea sur ce pays, il y en eut qui pénétrèrent en Bessarabie, où leurs descendants existent encore. Le père Zöld, qui les visita en 1767, raconte que, n’ayant pas vu un prêtre catholique depuis dix-sept ans, les Hongrois le reçurent « comme un ange du ciel ». Pendant les douze jours qu’il passa parmi eux, il baptisa 2 512 individus de tout âge, et en confessa un bien plus grand nombre. Et il ajoute : « Plus de 2 000 personnes m’accompagnèrent en pleurant quand je partis, me priant au nom du Sauveur de leur envoyer un prêtre. »

Le père Gegö a parcouru la Moldavie il y a peu d’années, et a écrit un livre sur les colons hongrois[1]. « Les Hongrois, dit- il, sont répandus dans tout le pays : on en trouve dans chaque village, car ils exercent des métiers. Ils se distinguent des Moldaves par leur activité et s’habillent avec la toile tissée par leurs femme ?. Ils

  1. Les colons de la Moldavie, par le P. Alexis Gegö. Bude, 1838 (en hongrois).