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montagnards, confirmée par les chroniqueurs de l’époque, Tölöki ordonna qu’on abattit tous les arbres, et en fit attacher un par la cime à la queue de chaque cheval, de manière qu’en descendant la pente rapide, l’animal était retenu par les obstacles de terrain qui embarassaient les branches. Les soldats rampaient, se cramponnaient aux broussailles, aux racines, ou traînaient après eux des sacs pleins de terre qui s’accrochaient aux pointes des rochers. Le tiers de l’armée, homme à homme, aurait passé par là, tandis que le reste se battait dans les défilés avec les Impériaux. Que la tradition soit ou non exacte, le moyen, par cela même qu’il semble incroyable, était bien digne du génie de Tölöki, cet homme étonnant qui trouva tant de ressources dans sa haine contre l’Autriche[1].

Il ordonna une seconde fois aux Impériaux d’abandonner le pays. Heussler, pour toute réponse, appela à son aide le généralissime Teleki, lequel accourait à la tête de la cavalerie transylvaine. Les troupes hongroises et allemandes réunies offrirent le combat aux Turcs, près de Zernyest. On était au 21 août 1690. Les Tatars coururent vers le camp des Impériaux, puis tournèrent

  1. Du reste, aujourd’hui encore, dans certaines contrées, les Sicules franchissent de cette manière les passages dangereux. Il n’y a pas bien long-temps que la calèche d’un voyageur descendit perpendiculairement une montagne du pays des Sicules, à l’aide d’arbres attachés aux roues par la cime.