Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grands bâtons étaient placés entre leurs jambes, et une sorte de besace en drap blanc leur pendait sur le dos. Ailleurs, quelques Hongrois conversaient en retroussant leur moustache, et des marchands grecs comptaient de l’argent. Les langues diverses que parlaient tous ces hommes, et dont on distinguait quelques mots, lorsque deux ou trois orateurs reprenaient haleine en même temps, étaient douces, accentuées, et contrastaient beaucoup avec les sons très durs que laissaient échapper plusieurs Saxons bien portants et mieux vêtus, lesquels causaient discrètement près de la porte.

Dans la cour mangeaient six petits chevaux à tous crins, dont le harnais s’accordait avec le costume des buveurs de l’auberge. Une seule corde était passée dans la bouche en guise de bride. Une peau de mouton recouvrait la petite selle de bois ; des sacs de toile ornés de broderies rouges pendaient aux arçons, qui étaient peints et découpés. Des étriers en bois de forme ovale caressaient le flanc des chevaux, fixés à la selle par des branches de saule tordues.

Ces montagnes sont habitées par des Valaques, mais qui forment une population à part. Ils sont au nombre de cinq ou six mille. On les appelle Calibas à cause des huttes qu’ils se sont bâties entre les rochers. Ils mènent la vie indépendante et libre par excellence. Grands, forts, hardis, ils sont remarquables par leur vigueur et l’expression de leur physionomie. Ils se rasent les tem-