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rochers sans fin. Près de là sept moines valaques habitent une grotte sauvage, à l’entrée de laquelle ils ont élevé une église ; pendant toute l’année ils se nourrissent de maïs et d’ognons, sans jamais toucher à aucune viande[1]. L’une des dernières montagnes de la Transylvanie, appelée Butsesz, est terminée par une grande plaine qui se cache dans les nuages, et sur laquelle il existe un lac d’une immense profondeur. Une autre, formée entièrement de rochers, est appelée par les Valaques Piatra Crajului, « Pierre du Roi ». Plus loin on peut voir des cavernes voûtées de stalactites. Quand on gravit ces montagnes par un beau temps, on aperçoit presque toute la Transylvanie, dont le sol ondoie en trois grandes vallées parallèles.

L’auberge où nos chevaux se reposèrent à Törts se trouvait pleine de montagnards et de villageois. Une vingtaine d’individus étaient attablés dans la grande salle, fumant, buvant, et divisés par groupes de trois ou quatre figures que n’eût pas dédaignées Murillo. On pouvait reconnaître les Valaques à leurs tempes rasées, à leur barbe, et à l’indispensable ceinture de cuir. Ils parlaient haut, la tête en avant, gesticulaient fort, et laissaient retomber leurs coudes entre les myriades d’ognons et les restes de mammaliga étalés sur la table. De

  1. Ce sont des moines de l’ordre de Saint-Basile, le seul ordre que compte l’église grecque. On les appelle Caluger.