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gouvernement s’y opposa. Ce refus était d’une haute importance, car il était nécessaire que l’esprit public fût tenu constamment en éveil, afin que la Diète figurât non une sentinelle perdue, mais l’avant-garde d’une nation. Wesselényi improvise une presse lithographique. Un jour il entre dans la salle et jette sur la table une liasse de papiers : c’étaient les séances qu’il avait imprimées de sa main. Attaqué pour ce fait, il demande protection aux comitats. Un conflit sérieux paraît imminent entre la Diète et l’autorité. Les deux parties comprennent qu’en marchant toujours en sens opposé, ils ont l’un et l’autre franchi les dernières limites. C’est le moment que le gouvernement choisit pour frapper un grand coup. On annonce subitement au nom du roi que la Diète est désormais dissoute, que la constitution est suspendue, et que l’archiduc Ferdinand d’Este est nommé gouverneur absolu de tout le pays.

Cette nouvelle fut accueillie avec indignation. Dans le tumulte qui éclata, des paroles hardies furent prononcées, et un député tira son sabre. Par bonheur, la prudence des modérés l’emporta. En se retirant, les membres de la Diète purent voir les régiments en bataille qui cernaient le palais. Toutefois la victoire ne devait pas rester à l’Autriche. L’archiduc trouva en Transylvanie une résistance incroyable. Il expédiait aux comitats des ordres qui lui étaient renvoyées comme inconstitutionnels. Les seigneurs qui remplissaient les emplois don-