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grie. Cependant le nouveau prince n’avait pu rallier la noblesse transylvaine, qui voyait avec douleur peser la volonté des Turcs. Quelques gentilshommes entretinrent avec Rakotzi une correspondance secrète, et celui-ci, excité par ces sympathies, se montra de nouveau dans la province à la tête de quelques troupes levées en Hongrie. Le pacha de Bude accourut pour étouffer la révolte ; mais, surpris lui-même par Rákótzi dans les défilés des frontières, il fut contraint de prendre la fuite. George II envoya une ambassade au vizir, lui rendit les prisonniers qu’il avait faits, et demanda à recevoir de nouveau l’investiture de la Porte. La réponse du vizir fut portée par quatre-vingt mille Tatars, qui passèrent les montagnes et ravagèrent tout le pays. Pour ne pas attirer sur la Transylvanie de plus grands malheurs, Rákótzi se retira une seconde fois.

Il s’attendait à se voir de nouveau sollicité par ses anciens sujets. Les Hongrois, et particulièrement les Sicules, étaient fort attachés à sa personne. Jeune, brave et aventureux, il était fait pour séduire une population belliqueuse, qui voyait en lui l’adversaire courageux du despotisme ottoman. Bien que la fortune lui eût été presque toujours contraire, il avait montré assez de talents pour mériter la confiance de ses soldats. Sa réputation militaire s’était répandue en Europe. Quelques années après ces événements, un gentilhomme transylvain, se trouvant à la cour de Louis XIV, y entendit le