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valeur ! Les paysans, c’est-à-dire ceux qui en découvrent le plus, ne savent pas, comme ailleurs, que les objets enfouis dans le sol ont du prix. J’ai traversé le bourg de Reisemarck juste au moment où un villageois saxon faisait badigeonner un groupe antique placé en manière de borne devant sa maison. J’ai vu un paysan apporter une bague sur laquelle se trouvaient des lettres grecques presque entièrement effacées, s’excusant de n’avoir pu enlever toute la rouille. Beaucoup de particuliers possèdent en Transylvanie de curieuses collections. Elles se composent de monnaies, d’armes, de statues, de bas-reliefs, de pénates, d’urnes et de vases de toute forme. En général les statues et les autres objets d’art sont sans valeur : ce qui s’explique par l’éloignement de la Dacie et la date de la conquête. Les pénates, que l’on apportait de Rome, ont seuls quelque prix.

Personne n’a passé par Vienne sans visiter les antiquités rapportées de Transylvanie. Ce musée a été formé avec une négligence déplorable. L’empereur Charles VI, en 1723, fit transporter à Vienne toutes les curiosités que l’on put trouver en Transylvanie. On employa à cet effet les paysans de corvée, qui, pour plus de commodité, brisaient les statues, les urnes et les pierres. Ces débris furent placés sur des bateaux qui descendirent la Maros, la Theïss, et remontèrent le Danube. Un des bateaux s’engloutit.