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Hongrie, comme partout, des voleurs de grande route. Ce sont presque toujours des déserteurs qui, mis hors la loi, vivent dans les forêts à la façon des bandits corses. Ils viennent chercher leur nourriture dans les maisons solitaires, mais n’assassinent pas. Quelquefois il est arrivé qu’ils se réunissaient par bandes, sous un chef audacieux, et, en se battant contre les régiments autrichiens, donnaient à leur résistance le caractère d’une insurrection. On fait sur le fameux Sobri, tué il y a peu d’années dans une rencontre avec les houlans de Schwarzemberg, des récits dignes des Asturies et des Abruzzes. Les habitants ne leur donnent pas même le nom de voleurs. Le terme szegény legény, « pauvre garçon », est l’expression consacrée. Un postillon me montrait un champ de maïs, où il avait vu la veille se cacher quelques pauvres garçons. « Où crois-tu qu’ils soient aujourd’hui ? lui demandai-je innocemment. — Pensez-vous, répliqua-t-il, que je veuille les trahir ? »

Le csikós redit leurs exploits, car il tient à la fois du pauvre garçon et du berger. Voyez-le passer comme un trait sur la puszta d’Hortobagy, en jetant aux passants ces vers d’une chanson de voleur :

Je suis un pauvre garçon
Qui fréquente les foires,
Je vole les génisses, les poulains,
Voilà comme je vis !

Chante, chante, brave cavalier, ta voix est celle d’un