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donner au village le tiers et quelquefois même la moitié de ses terres, tandis que d’autre part le paysan, qui comptait sur ses bestiaux, négligeait la culture de son champ. Pour parer à ce double inconvénient, on a décidé que le propriétaire serait forcé de distribuer deux terrains au fermier. Ajoutons que celui-ci a le droit de les choisir, et il s’entend qu’il prend la meilleure partie du sol. On a remarqué, dans les comitats où cette mesure a été mise à exécution, qu’elle a produit d’heureux effets. Quelquefois les paysans convertissent en terres labourables les deux champs qui leur ont été accordés. Hors d’état d’ailleurs d’entretenir ce nombreux bétail qui trouvait sa subsistance sur le territoire du grand propriétaire, ils songent à travailler la terre et deviennent bons laboureurs.

C’est la noblesse hongroise qui a la gloire de prendre l’initiative dans toutes ces lois nouvelles. Sous les yeux d’un gouvernement rétrograde, elle accomplit une tâche devant laquelle ont reculé les aristocraties de tous les pays. Elle prépare le règne de l’égalité, sans que le peuple, pour le bien duquel elle travaille, ait encore songé à élever la voix. Nous avons dit que les paysans, délivrés peu à peu du servage, sont aujourd’hui devenus citoyens, puisque, d’après les dernières décisions, ils ont la faculté de posséder le sol. Ajoutons que les nobles ont résolu de subvenir à la moitié des dépenses du comitat, que les paysans supportaient