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vend. On a de tout en abondance, moins de l’argent. Frappé de la prospérité apparente de l’Angleterre, quelques membres de l’aristocratie hongroise rêvent pour leur patrie je ne sais quel avenir industriel, et y appellent le règne des machines, lis oublient que par leurs idées ils devancent de quelques siècles la foule de leurs compatriotes. Par l’état de civilisation de ses habitants, par sa position géographique, par la fertilité de son soi, la Hongrie est destinée à être, et pour long-temps encore, un pays agricole. Il serait dangereux d’imiter l’Angleterre dans un pays peu préparé à l’industrie. Au contraire, en y développant l’agriculture, on peut créer en Hongrie une ère de prospérité nouvelle. Que les Hongrois établissent des voies de communication, et Marseille ira chercher au port de Fiume le blé qu’elle fait venir d’Odessa, la laine qu’elle va prendre en Egypte ; l’Angleterre et l’Amérique y achèteront les vins de Bude et de Tokay.

Nous insistons sur les améliorations qu’il s’agit d’apporter à l’agriculture, parce qu’elle est fort arriérée en Hongrie. On comprend en effet que les immenses terrains qui appartiennent au seigneur ne peuvent être labourés, comme en Angleterre, par des ouvriers. Le propriétaire s’engagerait par là dans des dépenses excessives. Les travaux des champs sont confiés aux paysans de corvée, c’est-à-dire à de détestables manœuvres, qui n’ont à leur disposition que de mauvais in-