Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne payait aucun impôt en argent. Il ne devait que le service militaire. Quand la guerre était proclamée, le petit noble s’armait et accourait à cheval sous les bannières royales. Le magnat amenait au camp vingt fantassins pour un cavalier : celui-ci, dont l’équipement coûtait autant que celui des vingt hommes de pied, était appelé huszàr[1] Le magnat était forcé d’entrete-

  1. De husz, « vingt », et àr, « prix », littéralement « prix de vingt, qui vaut vingt » : les Hongrois prononcent houssar. Dans la suite, quand le mode de recruter par vingt eut disparu, on continua a appeler ainsi les cavaliers levés en Hongrie. Aujourd’hui les régiments de hussards au service d’Autriche sont exclusivement formés des Hongrois désignés pour le service de la cavalerie. Leur uniforme, qui n’est autre que le costume national, fut imité chez les nations voisines. Il y eut dans chaque armée européenne des cavaliers qui reçurent le nom et l’habit des huszàr. Ce mot, pour nous, n’a pas de sens ) mais il sonne bien. Les mots colback, dolman, shako, soutache, qui désignent différentes parties de l’uniforme, sont encore des mots hongrois plus ou moins altérés. Les deux premiers viennent du turc. Nous avons conservé ces expressions avec d’autant plus de fidélité historique, que les premiers hussards qui parurent en France, sous Louis XIV, étaient Hongrois. Les régiments créés par les comtes Eszterhàzy et Bersényi ne perdirent le nom de leurs fondateurs qu’en 1795 ; et encore après cette époque on vit des hussards français porter des tresses, c’est-à-dire la coiffure adoptée par les paysans hongrois jusqu’au siècle dernier.