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capable de suffire aux devoirs qu’il s’impose, il lui faut lutter contre l’administration la plus inerte qui soit au monde. Pour peu qu’il ait déposé dans ses projets toutes ses espérances, et qu’il ait entrepris sa tache avec âme, il souffrira cruellement au contact de cette barre de fer. Alors il se raidira, comme a fait Wesselényi, et, dans son impatience, se consumera en efforts qui n’amèneront que sa ruine. Autrement il perdra courage, et, se regardant comme contraint à l’inaction, ira vivre dans l’isolement. Durant le séjour que nous avons fait en Transylvanie, nous-même nous avons eu constamment un de ces exemples sous les yeux. Si on sait ce que pourrait faire un seul individu dans un pays semblable, où les hommes manquent et ont par conséquent une valeur double, on regrette vivement que tant de talents naturels soient pour ainsi dire réduits à s’oublier eux-mêmes.

Ceux qui aiment les consolations faciles, à défaut d’activité intellectuelle, peuvent se livrer à ces exercices qui faisaient autrefois la principale occupation de notre noblesse de province. Il y a de par le monde des gens qui s’intitulent chasseurs et qui ont constamment le fusil à la main. Je leur conseillerais d’habiter la Transylvanie, ils pourraient à leur aise y satisfaire leurs goûts. Les exercices de corps sont familiers au gentilhomme hongrois. D’abord il est excellent cavalier ; c’est par goût souvent autant que par spéculation qu’il