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s’introduisissent dans le pays, toute calèche était nécessairement traînée par six étalons à longue queue.

On pourrait croire que la nécessité seule produit cette hospitalité. Tel accueille aujourd’hui un hôte chez lequel, à son tour, il sera accueilli demain. Ce sont là des échanges de bons procédés fort naturels dans un pays où tout le monde se connaît, et où l’on vit dans l’abondance de tout. Mais ces habitudes ne sont pas uniquement le résultat de la situation : elles sont innées dans le peuple hongrois, qui est peut-être de tous les peuples du monde le plus hospitalier. Ce n’est pas seulement dans les châteaux qu’on vous remercie d’être venu, c’est encore dans la chaumière du laboureur, où le pauvre ne frappe jamais inutilement. Lorsque je parcourus pour la première fois la Transylvanie, je fus un jour surpris par un orage dans un bourg qui ne m’offrait nulle ressource. Dans mon ignorance des mœurs nationales, je fis part de mes inquiétudes au guide, qui ne tarda pas à me rassurer. Il me conduisit effectivement chez un jeune homme dont nous rencontrâmes en chemin la maison. Celui-ci se déclara tout d’abord fort honoré de notre visite, et, recommandant à sa femme de nous recevoir de son mieux, il courut chercher ceux des habitants dont les réponses et les remarques pouvaient intéresser un voyageur. Pendant ce temps sa mère tirait d’une armoire séculaire ses plus belles serviettes, mettait le couvert, et improvisait un interminable dîner.