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s’établit : la petite auberge ne peut suffire à contenir tout ce monde. Les gens bivouaquent au dehors, et les chevaux sont attachés aux haies vives.

Les choses en resteront long-temps là dans ce pays, grâce à l’hospitalité qui est en usage parmi les habitants. Quand je dis qu’on campe tant bien que mal dans les auberges de village, je prends là l’exception pour la règle. Le plus souvent on s’arrête chez le seigneur, et ce n’est qu’en son absence qu’on demande un abri à ces hôtelleries primitives réservées aux buveurs du hameau et aux colporteurs juifs. Il est entendu qu’en voyage on se présente à tous les châteaux situés sur sa route, et l’on y trouve toujours bonne réception. Les maîtres du logis voient entrer une voiture dans la cour : ils descendent à votre rencontre, vous conduisent aux « chambres d’hôtes », vendég szobák, qui sont toujours prêtes, tandis que vos chevaux sont menés à l’écurie. Tout cela se fait le plus naturellement du monde et sans compliment aucun. Il m’est arrivé, dans mes excursions, de passer deux jours à Sáromberke chez un magnat dont la maison était remplie de voyageurs. Tous ces hôtes n’avaient pas moins de quatre-vingt-dix-huit chevaux. Lorsque notre attelage eut trouvé place dans l’écurie, le nombre des chevaux étrangers dépassa la centaine. Il est rare, en effet, qu’on voyage avec peu de chevaux. Le paysan hongrois lui-même en attelle quatre à la plus légère voiture, pour galoper à son aise ; et avant que les modes anglaises