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nouissent les fleurs du tabac. C’est le village. À l’un des deux bouts sont relégués les Bohémiens et leurs chiens, qui tous ensemble habitent sous des tentes, et dans des huttes de terre élevées de quelques pieds. La maison du prêtre et celle de l’intendant, plus spacieuses et mieux bâties que les autres, se distinguent entre toutes. On remarque encore l’école, dont la cloche appelle chaque jour les enfants, et l’auberge, qui arbore une branche de pin fixée dans le mur.

C’est par un reste d’habitude que s’emploie ici le mot d’auberge. Il n’est pas même question de ces hôtelleries comme on en rencontre dans les villages reculés de l’Allemagne, où l’on peut, avec l’aide de la patience dont doit s’armer tout voyageur au delà du Rhin, trouver à la rigueur le nécessaire. L’auberge, en Transylvanie, se compose d’une ou deux chambres de quelques pieds carrés, garnies de deux bois de lit fort étroits, d’une table, d’un banc et quelquefois de deux escabeaux. Un grand poêle formé de briques vertes vernies est placé dans un coin. Les murs sont blanchis à la chaux, le plancher est formé de terre bien battue. À votre arrivée l’aubergiste enlève le foin qui garnissait le lit, et y met du foin nouveau ; puis il balaie, époussette, vous salue, et se retire : sa besogne est faite. Encore faut-il dire que je prends les choses au mieux. Je suppose que l’hôtelier est Arménien ou juif : celui-là se mettra en mouvement pour vous toucher,