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cures et incommodes ; elles n’ont pas même la misérable régularité des bâtisses administratives. Gâtez donc pour si peu un monument national !

Mais il était écrit que Vajda Hunyad tomberait aux mains du fisc. Après la mort de Mathias, il fut possédé par son fils Jean Corvin, dont la veuve, Béatrix Frangipani, le vendit à la famille de Török. En 1605, Étienne Török ayant été fait prisonnier par les Turcs et conduit à Constantinople, sa femme le vendit à son tour pour douze mille écus. Il échut alors aux Bethlen, qui le réparèrent, et vers le milieu du 17e siècle il appartenait à deux femmes de cette maison, qui épousèrent l’une le comte Étienne Törökli, l’autre le comte David Zolyomi. Le château fut partagé entre ces deux possesseurs, qui se livrèrent dans la cour plusieurs combats : on voit encore près des fenêtres les trous des balles de leurs mousquets. Déjà en 1599 il avait été en partie brûlé par les Valaques du vayvode Michel. Quand Emeric Törökli encourut la « note d’infidélité », c’est-à-dire fut déclaré traître et privé de ses biens, ainsi que Nicolas Zolyomi, fils du précédent, qui s’était réfugié en Turquie, Hunyad revint au prince de Transylvanie Michel Apaffi, puis a son successeur Léopold. Depuis ce temps il appartient aux empereurs d’Autriche. Ceux-là ne s’inquiètent guère des gloires de la Hongrie. Ils ont laissé le fisc détruire les salles antiques où a tonné la voix de Jean Hunyade, et établir des employés dans les tiers bastions du roi