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qui semble destinée par la nature à recevoir une citadelle. Aussi le château qui la couronne est-il d’une époque très reculée. Les paysans racontent qu’il date « du temps des fées », et les érudits, s’appuyant sur cette hypothèse que dav en langue dace signifiait « montagne », prétendent que Décébale s’y était établi. Il était le siège de la libre baronnie de Déva, et a été possédé tour à tour par des maîtres illustres. Pendant la révolte des Valaques conduits par Hora, les Hongrois s’y enfermèrent ; puis, quand les rebelles se furent abreuvés de vin, ils les culbutèrent dans la Maros.

Le comte Bethlen en fit au 17e siècle une description détaillée. « Le château de Déva, dit-il, est la plus grande et la meilleure forteresse de toute la Transylvanie, je pourrais même dire qu’elle était la meilleure forteresse de l’Europe avant l’invention des bombes, si préjudiciables à la sûreté des plus fortes places.

» On y arrive par une pente assez douce, qui conduit au premier corps de garde, lequel est bâti en forme de tour, et peut contenir environ cent hommes de garnison. Quand on l’a franchi, on trouve un pont de pierre, ou plutôt de roche, qui traverse un fossé creusé dans le roc, ayant près de cinquante toises de profondeur, et environ soixante toises de large. Lorsqu’on a passé ce pont, on trouve un corps de garde pareil au premier, et l’on entre dans la cour du château par dessous une voûte d’environ vingt toises. Au milieu de cette cour,