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de la poésie, et parce qu’elles ont un caractère national. On sent dans les unes cette vague tristesse que l’on éprouve lorsqu’on écoute, au bord des prairies, le chant lent et prolongé des paysans valaques. Dans les autres éclate cette fierté qu’inspire au Român le souvenir de son origine. Aussi ces chansons sont-elles adoptées et redites par le peuple. La première a paru dans la Gazetta di Transsilvania. La seconde a été composée par M. Rosetti, employé du gouvernement de Valachie, et traducteur de plusieurs œuvres de Voltaire et de Lamartine. Les deux autres, où respirent le sentiment patriotique et la haine des Turcs oppresseurs, sont dues à un poète distingué, M. Negruzzi, boyard de Moldavie.

I.

Tourterelle, oublie tes désirs ! Pourquoi pleurer dans le désert ? Ne sais-tu pas, oiseau, que l’amour est un papillon ?
De ce plangi cu ne incetare… Pourquoi pleures-tu sans cesse sur le temps qui n’est plus ? La tristesse te vient-elle parce que l’espérance t’a abandonnée ?
Pourquoi troubles-tu l’onde paisible, le ruisseau limpide et clair ? Pourquoi dis-tu : « Je suis étrangère », et soupires-tu sans cesse ?
Pourquoi dans la sécheresse te retires-tu dans les lieux ombragés ? Pourquoi ton chant plaintif a-t-il perdu sa vivacité ?
Dis-moi, pauvre oiseau, pourquoi tu ne cesses de pleurer ! Ne sais-tu pas que le temps détruit tout ce qui plaît au mortel ?
Ne sais-tu pas que toutes les choses de ce monde passent,