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des sujets en lettres cyrilliennes. Ici l’on a ingénieusement représenté les péchés capitaux, et l’on voit le diable entraîner les pécheurs avec un rire terrible. Là, la mort emporte d’un même coup un roi, un prêtre et un villageois. Cette dernière scène se retrouve souvent dans les églises valaques. Les artistes paysans se consolaient de l’oppression en proclamant, sous l’égide de la religion, l’égalité des hommes. Dans un angle se trouvent des fourches qui servent à soutenir les vieillards pendant les heures de l’office, personne n’étant assis. Au fond de l’église est placé l’iconostase, la cloison qui sépare le prêtre de la foule. Elle est dorée et recouverte d’une multitude de bannières et de tableaux bénits. Les tableaux sont de toutes dimensions ; aussi les personnages sont-ils de toutes grandeurs. Faute d’espace, ils se recouvrent les uns les autres, si bien qu’une tête colossale de saint Nicolas repose sur le corps démesurément petit d’un saint Pierre placé au dessous. En jetant un coup d’œil rapide autour de soi, en voyant cette quantité de figures incroyables qui vous regardent, celles-ci en riant affreusement, celles-là en grinçant des dents, on se croit transporté dans un monde fantastique. L’obscurité augmente encore l’effet, car l’œil n’aperçoit pas de prime abord toutes ces chinoiseries, qui apparaissent peu à peu, et semblent se multiplier pour vous.

Si naïves que soient ces peintures, elles attestent chez la nation valaque un certain goût pour l’art,