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les Valaques qui étaient accusés de maléfices. Lorsque, par exemple, les malheureux avaient sur le corps une marque ou une tache quelconque, il était fort difficile qu’ils ne fussent pas sorciers. On savait en effet que le diable ne sent aucune douleur aux endroits où la peau est recouverte d’un signe. En conséquence on ne manquait pas de faire de nombreuses expériences dans le but de constater l’insensibilité du patient. Le 23 juillet 1728 on brûla à Szegedin, en Hongrie, six sorciers, parmi lesquels se trouvait un vieillard de quatre-vingt-deux ans, qui avait été bailli de la ville. Le même jour on brûla sept sorciers sur les bords de la Theïss. Jusqu’en 1739 on jugeait les sorcières, aux environs d’Arad et de Gyula, d’après l’épreuve de l’eau. Quand elles flottaient on les mettait à mort, car il était admis que l’élément pur repousse le coupable. Ce que les accusés avaient de mieux à faire pour prouver leur innocence, c’était donc de se noyer. Ce ne fut qu’en 1758, sous Marie-Thérèse, que le gouvernement autrichien songea à arrêter ces exécutions. Il défendit aux juges d’intenter des procès aux sorciers sans l’autorisation de la chancellerie de cour.

Quelquefois les Valaques se persuadent que tel individu cause la sécheresse, que tel autre amène la pluie. Je sais un savant botaniste qui eut un jour maille à partir avec des paysans. Il herborisait sur une montagne, lorsqu’il fut aperçu par plusieurs hommes qui passaient