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travaillent pas et ils reçoivent sur leur route bon nombre de sourires et de kreutzers. Il arrive assez ordinairement qu’après avoir attendu le diable pendant un temps déterminé, les danseurs finissent bonnement par se marier, et de leur premier état il ne leur reste qu’une réputation incontestable d’agilité et de grâce.

À peine sortis du servage, soumis à de pauvres prêtres ignorants, les Valaques ont toutes les superstitions des peuples demi-civilisés. Les hommes dont les sourcils se joignent au dessous du front leur sont suspects ; ceux-là jettent le mauvais œil. Il y a certain jour de la semaine, le mardi par exemple, et le vendredi, où des fées malignes ont un pouvoir surnaturel. Quand vient le soir, c’est-à-dire le moment où elles vont perdre leur puissance d’un jour, elles redoublent de méchanceté contre les pauvres humains. Aussi dans quelques contrées évite-t-on de sortir après le coucher du soleil pour n’avoir rien à démêler avec la fée du « mardi soir ». La mar sara t’emporte ! est une de ces phrases charitables que l’on adresse à ses ennemis. Quant aux sorcières, il est certain qu’elles ne vivent que pour faire le mal ; heureusement elles peuvent être reconnues, car les sorcières portent une queue, tantôt sous le bras, tantôt là où le diable a, dit-on, la sienne.

On trouve dans les archives des comitats, sur les procès faits aux sorciers, des détails qui seraient fort curieux s’ils n’étaient horribles. C’étaient principalement